Rencontre avec Jhon Rachid et Antoine Barillot

Modèle d’artiste pluridisciplinaire ayant pour particularité de se produire majoritairement sur Youtube, le scénariste et comédien Jhon Rachid, présent au festival pour son court métrage Jour de Pluie, en compétition dans la catégorie Ecran, nous a fait le plaisir de nous accorder une interview au côté de son réalisateur Antoine Barillot.

Jhon Rachid et Antoine Barillot, respectivement scénariste et réalisateur de Jour de Pluie, court métrage en compétition Ecran.

En tant que représentant des créateurs nouvelles générations, qui ne passent pas par les moyens de diffusion « traditionnels », qu’est-ce que ça représente pour vous d’être en compétition au festival des scénaristes ?

JB : J’en suis très content car j’y découvre un nouvel univers. Ça me permet de montrer mon travail à un public qui n’a pas forcément l’habitude de ce type de création. Par contre, si Youtube est mon média principal, le terme youtubeur ne me convient pas car c’est imprécis.

AB : C’est un honneur d’être sélectionné, d’autant que nous ne venons pas du circuit « classique ». Après notre parcours d’autoproduction et nos formats web, on s’aperçoit que ce qu’on fait intéresse d’autres réseaux.

Antoine Barillot, vous avez travaillé à plusieurs reprises avec Jhon Rachid. Quel rapport avez-vous à l’écriture ? Etes-vous beaucoup intervenu dans le développement du scénario de Jour de Pluie et de Ma meuf la caillera ?

AB : Je ne suis pas intervenu au niveau du contenu qui était tout à fait présent, mais seulement de la forme, en apportant mon œil de metteur en scène pour l’emmener vers un mode d’expression davantage cinématographique.

JB : Avec Antoine on se complète, ça me montre un autre chemin.

AB : Avant, c’était toujours d’abord lui qui écrivait et venait me voir ensuite. Maintenant on travaille ensemble dès le début des projets.

JB : On a besoin de construire ensemble pour que chacun s’implique vraiment. C’est la suite logique de notre collaboration qui est devenu un vrai travail d’équipe.

Jhon Rachid, en tant qu’artiste pluridisciplinaire, quelle place donnez-vous au scénario dans votre travail ?

Primordiale. C’est la première chose à établir : la fondation. Et pour moi, ce qu’il y a de plus important, c’est surtout qu’il y ait un fond. Je veux que mes films ne soient pas uniquement des divertissements et qu’ils puissent rester d’actualité grâce à ça, comme c’est le cas pour Jour de Pluie.

Jhon Rachid, est-ce que vous pouvez nous parler de la manière dont vous avez travaillé pour l’élaboration du scénario de Jour de Pluie ?

JR  : J’ai d’abord écrit une première version dans mon coin pour faire connaitre cet évènement qui ne l’est pas assez. Pour construire un avenir ensemble, on a besoin de savoir ce qu’on a traversé. Faire un podcast n’était pas suffisant.

AB : Je suis intervenu notamment pour créer des silences car sur Youtube, ça parle beaucoup. J’aime apporter une mise en scène qui ne passe pas forcement par des mots.

Antoine Barillot, avez-vous eu vous-même l’envie d’écrire ?

AB  : Oui mais je n’en ai pas encore eu l’occasion et ce n’est pas mon objectif premier. J’assume totalement d’être uniquement réalisateur : j’aime apporter mon point de vue sur ce que les auteurs ont envie de dire.

JR : pour moi la mise en scène modifie le scénario, c’est une deuxième écriture.

Antoine Barillot, comment choisissez-vous les auteurs avec lesquels vous travaillez ?

AB : J’ai eu un coup de cœur pour Jhon : sa manière de travailler et d’écrire, ses idées. Ça correspond à ce que j’aime dans le cinéma. Je suis plus issu du milieu de la publicité que du scénario. D’habitude on propose à mon genre de profil de mettre uniquement une image sur du texte. Avec Jhon, c’est différent.

Jhon Rachid, on a vu vos parodies de la téléréalité. En tant qu’artiste engagé, qu’est-ce que vous pensez de la profusion actuelle de ce type de programmes ?

JR  : Mes parodies sont des critiques. Je n’aime pas du tout la téléréalité, on ne va pas vers quelque chose de bien en racontant sa vie pour rien. J’ai parlé de ma vie car j’ai grandi en foyer et que mon témoignage pouvait aider d’autres gens. Mais filmer des gens en train de ne rien faire je trouve ça détestable. Ça marche parce qu’on est un peu voyeur et que ça crée de l’argent. A notre époque, tout le monde se met en scène. On fait chacun sa propre téléréalité avec les réseaux sociaux, mais il faut savoir préserver son intimité.

Vous abordez dans vos interviews le fait que le milieu culturel a du mal à s’ouvrir à la diversité. Alors que beaucoup de spectateurs saturent de voir certains comédiens embauchés uniquement pour jouer des stéréotypes, comment expliquez-vous la lenteur avec laquelle la situation évolue ? Comment faire accélérer les choses ?

JR : J’ai envie de casser toutes sortes de clichés : Ma meuf la caillera, c’est aussi hyper féministe. L’homme assume sa fragilité. Ça, on l’a fait malgré nous, on s’est pas posé la question du féminisme. C’est aussi un couple mixte avec les stéréotypes de chacun renversés. Dans le cinéma français c’est toujours les mêmes clichés, même si certains font beaucoup d’efforts comme Alain Chabat dans Santa & cie qui a mis une actrice iranienne et une enfant métisse dans son film de Noël. Quand j’ai vu ça je me suis dit « ça, c’est la France que je connais. ». J’aimerais pouvoir jouer n’importe quel rôle sans avoir à parler forcément de ma culture d’origine. L’évolution c’est nous, les créateurs de demain. Personnellement, je n’ai pas fait une seule vidéo où on est qu’entre arabes, et d’ailleurs, si je le faisais, on me le reprocherait. Certains font des castings que de blancs par réflexe, je ne pense pas qu’ils soient racistes. Je ne pense pas non plus qu’il faille imposer les choses car ça crée de la haine et ce n’est pas ça qui fera changer les mentalités.

Jhon Rachid et Antoine Barillot, respectivement scénariste et réalisateur de Jour de Pluie, court métrage en compétition Ecran.

En tant que représentant des créateurs nouvelles générations, qui ne passent pas par les moyens de diffusion « traditionnels », qu’est-ce que ça représente pour vous d’être en compétition au festival des scénaristes ?

JB : J’en suis très content car j’y découvre un nouvel univers. Ça me permet de montrer mon travail à un public qui n’a pas forcément l’habitude de ce type de création. Par contre, si Youtube est mon média principal, le terme youtubeur ne me convient pas car c’est imprécis.

AB : C’est un honneur d’être sélectionné, d’autant que nous ne venons pas du circuit « classique ». Après notre parcours d’autoproduction et nos formats web, on s’aperçoit que ce qu’on fait intéresse d’autres réseaux.

Antoine Barillot, vous avez travaillé à plusieurs reprises avec Jhon Rachid. Quel rapport avez-vous à l’écriture ? Etes-vous beaucoup intervenu dans le développement du scénario de Jour de Pluie et de Ma meuf la caillera ?

AB : Je ne suis pas intervenu au niveau du contenu qui était tout à fait présent, mais seulement de la forme, en apportant mon œil de metteur en scène pour l’emmener vers un mode d’expression davantage cinématographique.

JB : Avec Antoine on se complète, ça me montre un autre chemin.

AB : Avant, c’était toujours d’abord lui qui écrivait et venait me voir ensuite. Maintenant on travaille ensemble dès le début des projets.

JB : On a besoin de construire ensemble pour que chacun s’implique vraiment. C’est la suite logique de notre collaboration qui est devenu un vrai travail d’équipe.

Jhon Rachid, en tant qu’artiste pluridisciplinaire, quelle place donnez-vous au scénario dans votre travail ?

Primordiale. C’est la première chose à établir : la fondation. Et pour moi, ce qu’il y a de plus important, c’est surtout qu’il y ait un fond. Je veux que mes films ne soient pas uniquement des divertissements et qu’ils puissent rester d’actualité grâce à ça, comme c’est le cas pour Jour de Pluie.

Jhon Rachid, est-ce que vous pouvez nous parler de la manière dont vous avez travaillé pour l’élaboration du scénario de Jour de Pluie ?

JR  : J’ai d’abord écrit une première version dans mon coin pour faire connaitre cet évènement qui ne l’est pas assez. Pour construire un avenir ensemble, on a besoin de savoir ce qu’on a traversé. Faire un podcast n’était pas suffisant.

AB : Je suis intervenu notamment pour créer des silences car sur Youtube, ça parle beaucoup. J’aime apporter une mise en scène qui ne passe pas forcement par des mots.

Antoine Barillot, avez-vous eu vous-même l’envie d’écrire ?

AB  : Oui mais je n’en ai pas encore eu l’occasion et ce n’est pas mon objectif premier. J’assume totalement d’être uniquement réalisateur : j’aime apporter mon point de vue sur ce que les auteurs ont envie de dire.

JR : pour moi la mise en scène modifie le scénario, c’est une deuxième écriture.

Antoine Barillot, comment choisissez-vous les auteurs avec lesquels vous travaillez ?

AB : J’ai eu un coup de cœur pour Jhon : sa manière de travailler et d’écrire, ses idées. Ça correspond à ce que j’aime dans le cinéma. Je suis plus issu du milieu de la publicité que du scénario. D’habitude on propose à mon genre de profil de mettre uniquement une image sur du texte. Avec Jhon, c’est différent.

Jhon Rachid, on a vu vos parodies de la téléréalité. En tant qu’artiste engagé, qu’est-ce que vous pensez de la profusion actuelle de ce type de programmes ?

JR  : Mes parodies sont des critiques. Je n’aime pas du tout la téléréalité, on ne va pas vers quelque chose de bien en racontant sa vie pour rien. J’ai parlé de ma vie car j’ai grandi en foyer et que mon témoignage pouvait aider d’autres gens. Mais filmer des gens en train de ne rien faire je trouve ça détestable. Ça marche parce qu’on est un peu voyeur et que ça crée de l’argent. A notre époque, tout le monde se met en scène. On fait chacun sa propre téléréalité avec les réseaux sociaux, mais il faut savoir préserver son intimité.

Vous abordez dans vos interviews le fait que le milieu culturel a du mal à s’ouvrir à la diversité. Alors que beaucoup de spectateurs saturent de voir certains comédiens embauchés uniquement pour jouer des stéréotypes, comment expliquez-vous la lenteur avec laquelle la situation évolue ? Comment faire accélérer les choses ?

JR : J’ai envie de casser toutes sortes de clichés : Ma meuf la caillera, c’est aussi hyper féministe. L’homme assume sa fragilité. Ça, on l’a fait malgré nous, on s’est pas posé la question du féminisme. C’est aussi un couple mixte avec les stéréotypes de chacun renversés. Dans le cinéma français c’est toujours les mêmes clichés, même si certains font beaucoup d’efforts comme Alain Chabat dans Santa & cie qui a mis une actrice iranienne et une enfant métisse dans son film de Noël. Quand j’ai vu ça je me suis dit « ça, c’est la France que je connais. ». J’aimerais pouvoir jouer n’importe quel rôle sans avoir à parler forcément de ma culture d’origine. L’évolution c’est nous, les créateurs de demain. Personnellement, je n’ai pas fait une seule vidéo où on est qu’entre arabes, et d’ailleurs, si je le faisais, on me le reprocherait. Certains font des castings que de blancs par réflexe, je ne pense pas qu’ils soient racistes. Je ne pense pas non plus qu’il faille imposer les choses car ça crée de la haine et ce n’est pas ça qui fera changer les mentalités.